D’avoir pleuré à l’hypermarché
Pour nous exercer, tester notre capacité à lire, à haute voix, en deux séances, une pièce entière, nous avons lu D’avoir pleuré à l’hypermarché de Tristan Choisel. Nous n’avions ni le titre, ni le nom de l’auteur.
Nous voilà donc partis à la découverte de cette pièce qui raconte comment deux personnages, Lui et Elle, nouvellement installés dans un village au bord de mer, se sentent de plus en plus exclus de cette communauté.
Des lettres inquiétantes
Lui et elle sont en apparence tranquilles et heureux de leur vie quand, un jour, ils reçoivent un courrier par la poste : NE RECOMMENCEZ JAMAIS çA.
Qu’est-ce que « ça » ? se demandent-ils. C’est alors que LUI raconte qu’il a pleuré à l’hypermarché. D’un coup, il a réalisé que les hommes qui chassaient, pêchaient, cueillaient, en étaient réduits à venir dans les rayons pour se nourrir et il s’en est trouvé affligé.
Peu à peu, on comprend que ce couple a un passé d’activistes.
D’autres lettres arrivent, de plus en plus menaçantes… l’issue semble fatale, même si les personnages restent attachés à leur vie, leur maison, leur jardin qui ne veulent pas quitter.
La lecture à voix haute
Le style de Tristan Choisel nous l’avons trouvé très beau, très littéraire. Certaines tournures sont sophistiquées, pas simples d’accès quand on découvre le texte et qu’on le lit à voix haute. Les passages très vifs très courts, où tout à coup, les deux personnages sont pris de folie et impriment et placardent des affiches pour « répondre au corbeau » nous ont amusés.
Ronan a dit du style qu’il était sophistiqué et vague, d’autres ont dit « compliqué, poétique.
Les didascalies de Tristan Choisel sont un enchantement à lire : « je les imagine très proches » parce qu’il n’impose rien à l’imaginaire et laisse une grande liberté au metteur en scène et aux comédiens.
C’est un style, un rythme à apprivoiser, en douceur, à l’image des personnages qui ne se laissent pas comprendre au premier abord.
Commentaires
Si certains ont été désarçonnés par la fin, très ouverte, d’autres, comme Samuel ont justement apprécié que l’auteur lui laisse la liberté d’ imaginer ce qu’il veut.
Pourquoi LUI et ELLE ? Pas de prénom !… Maeva aurait aimé avoir les prénoms, comme Steven, également. Du coup, on a cherché en atelier quelle pouvait être la raison de ce quasi-anonymat. Et Rachel, en parlant de l’universel, des premiers hommes, est allée jusqu’à Adam et Eve, le jardin d’Eden. Et pour nous tout s’est éclairé. L’histoire de Tristan Choisel nous l’avons mise en relation avec Adam et Eve chassés du Paradis.
Quand nous l’avons rencontré, Steven a demandé à l’auteur pourquoi il n’avait pas mis de prénom.
Tristan Choisel : « Je n’ai pas voulu typer mes personnages. Dès qu’on choisit un prénom, on donne des indications socio-culturelles aux personnages. Je n’ai pas voulu pour cette pièce. » Rachel avait vu juste et l’image du Jardin d’Eden lui a plu.
LES +++ du texte : le suspens ! …l’intrigue donnait envie de connaître la fin, de continuer. L’humour ! l’ironie (Pauline), une certaine fantaisie dans les réactions des personnages qui nous les rendait sympathiques et un peu loufoques (Ronan). La poésie ! Kaouthara a beaucoup apprécié le monologue de la femme quand elle dit qu’elle se plaît dans cette maison. Et aussi celui où l’homme raconte qu’il a pleuré dans l’hypermarché.
LES petits MOINS du texte : les monologues parfois trop longs, jugés inutiles à certains endroits. Le fait qu’il n’y ait pas de prénoms a été diversement apprécié. Et la fin, qui a frustré la majorité des lecteurs. Alors : ils meurent ? Ils arrivent pour les tuer ? Qu’est-ce qu’il se passe ?